Joe Hill : Cornes



Ignatius Perrish avait tout pour être heureux : une famille riche et heureuse, un avenir tout tracé. Mais il y a un an, sa fiancée, Merrin Williams, est retrouvée morte. Depuis, Ignatius sombre dans le désespoir, noie son chagrin dans l'alcool, accumule les aventures sans lendemain. Jusqu'au jour où des cornes lui poussent sur la tête. La surprise passée, il découvre que ces deux appendices lui donnent le pouvoir de faire avouer l'inavouable aux gens qu'il croise. Don macabre ou coup de pouce du diable? L'assassin de Merrin n'a plus qu'à prier pour ne pas croiser son chemin !

Lorsqu'un matin des cornes lui ont poussé sur la tête, Ig croit d'abord à une hallucination, un tour que lui joue son esprit rongé par la colère et le chagrin. Car depuis un an, depuis que sa petite amie a été violée et tuée dans de mystérieuses circonstances, il vit un enfer. Pourtant, les cornes sont bien réelles, et assorties d'un nouveau pouvoir qui incite quiconque s'approchant d'Ig à lui confier ses secrets les plus inavouables. D'abord torturé par ce macabre don, Ig a tôt fait de comprendre qu'il va pouvoir l'utiliser pour retrouver le monstre qui a assassiné Merrin et détruit sa vie. Il est temps de prendre sa revanche, de donner sa part au diable... Car en fin de compte, ce dernier ne nous comprend-il pas mieux que son éternel rival ?

Beaucoup de couleurs et d'émotions contrastées dans ce livre.
Un subtil mélange de sensations, de douceurs, de violence et de pulsions. de romantisme noir et glacé, d'intensités brûlantes qui scarifient le cerveau du lecteur en laissant une empreinte indélébile.
Avec tout ce panel de sensations ainsi clamé, on pourrait s'attendre à une critique dithyrambique et enamourée. Et pourtant non.
Quelques maladresses font que ce roman restera à la porte du panthéon des chefs-d'oeuvre du fantastique et de l'horreur.
Joe Hill (fils du King, Stephen pas Elvis) noie son superbe matériau de digressions sur la jeunesse des protagonistes. Même s'il fait souvent connaître le passé pour comprendre le présent, celui-ci ne doit pas entraver la construction de l'action ni parasiter la montée en puissance de l'histoire. C'est malheureusement le cas ici. Prise indépendamment, chaque partie de l'histoire est passionnante, touchante ou excitante. Néanmoins, le mélange est maladroit et la texture grossière une fois assemblée.
Pourtant, l'idée de base est excellente et originale. Il pousse des cornes sur le front d'Ignatus. Ces cornes provoquent chez les personnes croisées par Ignatus une envie irrésistible d'avouer leurs pires et plus noires pensées. Ça fait baver ce champ des possibles.
Là où le papa serait allé dans une étude des moeurs truculente et dévastatrice de la population de Gideon, le fils choisit l'histoire d'amour et la tragédie policière.
Le point commun étant le retour aux sources et la lisibilité de la jeunesse des personnages comme influences sur le présent. Sauf que Joe s'appesantit beaucoup sur ce passé qui constitue une grosse partie des 500 pages.
L'histoire volontairement décousue, sans positionnement temps précis semble se situer entre les années 80 et les années 2000 renforce la déstabilisation du lecteur. Quand on tente le calcul, ça ne matche pas au niveau des âges. Intriguant mais pas désagréable.
On saluera la manipulation tant aucun des personnages n'est celui qu'il semble être. du coup, on assiste à de ces retournements de situations qui font vrombir les neurones.
Un des aspects très intéressants du bouquin est l'analyse sociale et théologique que nous délivre l'auteur avec des montées furieuses de colère qui font du bien. Plus Bachman que King dans la crudité des situations et des scènes de sexe.

Au final, potentiel énorme de ce nouveau venu. Une envie folle de lire ses 2 autres bouquins et son recueil de nouvelles. Joe Hill est bien parti pour être une référence et une future pointure du genre.

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