Enrique Villa Matas : Dublinesca




Samuel Riba est l'éditeur talentueux d'un catalogue exigeant. Néanmoins, incapable de faire face à l'émergence des nouveaux médias et de concurrencer la vogue du roman gothique, il vient de faire faillite. Il sombre alors dans la déprime et le désœuvrement. Pour y remédier, il entreprend un voyage à Dublin. L'accompagnent quelques amis écrivains avec qui il entend créer une sorte de confrérie littéraire. Cette visite de la capitale irlandaise se double d'un voyage dans l'ouvre de Joyce. En explorant toutes les facettes de ce personnage complexe, qui est en partie son alter ego, Enrique Vila-Matas interroge la notion d'identité, de sujet, et décrit le parcours qui a mené la littérature contemporaine d'une épiphanie (Joyce) à l'aphasie (Beckett).

Voici un roman qui est loin d'être facile à lire. Pas difficile non plus. Davantage un objet rare.
Un éditeur, suite à un collapsus cardiaque, arrête ses activités et prend sa retraite. Il s'était spécialisé dans la grande littérature et se sentait à la fin envahi et dépassé par le numérique et ce que l'auteur appelle le roman gothique. Cet éditeur a tenté toute sa vie de trouver un génie littéraire nouveau et s'il a découvert nombre de talents, il n'est pas parvenu à dénicher cette pépite. Il tombe dans la déprime et devient, aux yeux de sa femme, un hikikomori (allez voir la définition, c'est peu réjouissant, adolescent qui souffre d'une dépendance à l'internet et se cloître chez lui pour fuir la réalité en quelque sorte). Il décide alors de partir à Dublin avec trois écrivains qu'il a publiés pour créer de vivo le sixième chapitre de l'Ulysse de Joyce où un camarade du protagoniste Bloom est enterré et par là, il veut symboliquement enterrer l'ère Gütenberg, la fin de l'imprimerie.
Alors pas de panique, inutile d'avoir lu Joyce, ce qui n'est pas mon cas, tout vous est expliqué. Je ne sors pas du livre en ayant davantage l'envie de me lancer dans la lecture de ce monstre de la littérature non plus.
J'ai aimé la ballade littéraire où l'auteur Vila-Matas que je découvrais, nous emmène pour nous parler d'auteurs ou de livres qu'il aime : il y a le Shandy de Laurence Sterne que, décidément, je trouve cité par tous les auteurs que j'aime, Peter Handke, Flaubert, Auster, les auteurs irlandais, Joyce bien sûr mais aussi Beckett, ainsi que des inconnus. Et puis, Vila-Matas en invente quelques-uns aussi, dont le Vilem Vok qui aurait écrit comme chef-d'oeuvre un livre intitulé 'Je ne sais pas'.
Le personnage de l'éditeur est fort attachant. Le style de l'auteur est éprouvé, solide mais plein d'humour et de clins d'yeux aux lecteurs que nous sommes, mais envers lesquels Vila-Matas se montre exigeant, autant que nous le sommes à l'égard des auteurs.
Et si vous voulez connaître l'atmosphère du livre ou la patte de l'auteur, je vous invite à aller lire quelques-unes des citations que j'ai extraites. Cela vous donnera une idée.
Alors oui je conseille ce livre. Certainement. C'est un livre dont on se dit 'houlà, ce n'est pas n'importe quoi ici'. Mais je ne vous le recommanderai pas si vous êtes en phase de lire un polar ou un Musso. De toute façon, vous en prendrez pour votre grade si ce sont vos lectures préférées

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