Bollée et Rossi : B.D : Deadline.


B.D drame et romance GAY . Deadline : 8/10
Camp d Anderson, Georgie, août 1864. Dans cette gigantesque prison à ciel ouvert, alors que la guerre de Sécession fait rage, le monde se divise en deux catégories : les geôliers sudistes et les captifs nordistes. Entre les deux, la deadline. Le prisonnier qui franchit cette ligne gagne un aller simple pour l enfer. Parmi eux, un soldat noir au calme insolent, le regard fier, intrigue le jeune confédéré Louis Paugham, affecté à la surveillance du camp tombe raide amoureux d'un beau noir prisonnier du camp d'Andersonville et qui va être la première victime du KuKu Klan. Notre jeune héros gay va passer sa vie à venger la mort de son homme.
Sur fond de guerre civile américaine, Laurent-Frédéric Bollée signe avec Deadline un western gay et intime qui prend aux tripes, sublimement mis en images par un habitué du genre : Christian Rossi, héritier direct de Jean Giraud et probablement l un des meilleurs dessinateurs de sa génération.
Décembre 1901, le loup solitaire Louis Paugham assassine John C. Lester, co-fondateur du Ku Klux Klan…
Août 1864, la jeune recrue sudiste Louis Paugham est gardien dans un camp où s'entassent les prisonniers nordistes…
1855, l'enfant Louis Paugham assiste au meurtre de ses parents par des bandits noirs avant d'être recueilli et élevé par un érudit prêchant l'abolition de l'esclavage…
Cette bande dessinée de 82 pages jouent sur les allers-retours entre le présent et le passé pour nous conter comment l'orphelin est devenu soldat et comment le soldat est devenu déserteur avant de devenir meurtrier, mais elle aussi centrée sur la Guerre de Sécession qui opposa mortellement une oligarchie industrielle exploitant un prolétariat immigré et une oligarchie agricole exploitant des esclaves importés (plus les choses changent et plus elles restent les mêmes : class warfare of course… MDM). Tout est allégorie, un peu trop d'ailleurs, autour de la deadline séparant :
- la paix de la guerre
- les hétérosexuels des homosexuels
- les Blancs des Noirs
- les bourreaux des victimes
- les gardiens des prisonniers
- la civilisation de la barbarie

- les gens jugés « normaux » des gens jugés « anormaux »
C'est à la fin de son parcours que Louis Paugham franchit enfin les lignes imaginaires dressées par les crevards qui ont toujours voulu diviser pour mieux régner : il s'accepte enfin et accepte enfin le monde qui l'entoure avant de quitter la puanteur mixophobe du Vieux Sud pour gagner en paix l'usine à rêves californienne…
La belle histoire de Laurent-Frédéric Bollée reprend les thèmes engagés, un peu trop d'ailleurs, des westerns des années 1970 avec les méthodes de narration du western sergioleornien des années 1960. Pour ne rien gâcher, on reconnaît bien le talent de Christian Rossi qui ici associe joliment dessins presque photoréalistes et couleurs délavées 

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